DEMARCHE & PRESENTATION 




Je crois que tout dans l’univers est interconnecté.

Chaque électron est prouvé par l'existence d’un autre électron. Notre existence sont des vibrations dans la trame de l’univers.

Et moi, j’ai toujours été attiré·e par ces choses lointaines, immenses et inaccessibles. La vie, la mort, l’existence, l’invisible : tout ce qui dépasse l’expérience humaine semble persister sans forme ni frontière, comme une "super-matière", aux côtés des trous noirs, des radiations nucléaires et de la fin du monde. Pourquoi existons-nous pour disparaître aussitôt ? Comment observons-nous le monde au fil du temps ? Comment la réalité s’effondre-t-elle ? Comment, à l’échelle d’une vie humaine, mesurer celle de l’univers ? Comment ressentir la distance entre l’existence et l’oubli ? Ces "super-matières" sont peut-être le véritable soleil dans l’Allégorie de la Caverne de Platon, et nous, enfermés dans l’ombre, semblons condamnés à ne jamais obtenir de réponse.

Mon exploration métaphysique remonte à bien avant mon adolescence. L’absence intermittente de mes parents durant mon enfance m’a doté·e d’un regard détaché sur la famille et l’environnement. Une solitude profonde a marqué mon adolescence, me donnant l’espace pour m’immerger dans la philosophie et la spiritualité, occidentales comme orientales. Comment exister ? Cette question a imprégné mon expérience de lecture, hanté mon esprit sans relâche. De Platon au postmodernisme, du christianisme au Dao De Jing, toutes ces influences ont bâti mon univers théorique. Dans ce parcours, j’ai cherché le réconfort du métaphysique, tandis que la psychanalyse creusait en moi une voie d’introspection, et que la cosmologie, la biologie et la physique quantique venaient nourrir ma pensée créative.

Mais plonger trop tôt et trop profondément dans l’esprit trouble souvent la frontière entre réalité et néant. Lorsque je me suis retourné·e, le monde m’était devenu lointain. Cette solitude était étrange et incongrue : on marche parmi la foule, mais tout semble en mouvement sauf soi-même. Comme si les autres avançaient tandis que je roulais à terre à côté d’eux. Peut-être était-ce ma faute. Ce sentiment de perte et de confusion est ainsi devenu une composante indissociable de mon travail.

À travers la création, mes œuvres se déploient dans la faille entre le réel et l’irréel, portant en elles une interrogation sur l’identité humaine. Elles ne cherchent pas à "représenter" le monde, car pour moi, celui-ci est enveloppé d’incertitude – la réalité n’est pas une existence fixe, mais un phénomène en perpétuel effondrement, insaisissable dans sa reconstruction. Et c’est précisément cette incertitude qui me fascine.

Je tente d’explorer comment la matière peut incarner l’incertitude : le tissu, la fibre, la terre, le coton, le papier – des matériaux empreints d’une texture organique, marqués par le temps et la vitalité. Ils peuvent être tissés, cousus, érodés, façonnés et transformés. Dans leur fragilité, je perçois une sensibilité profondément féminine. Mon travail aborde souvent des thèmes tels que la mère, l’amour, l’utérus, la mort, la peur, des images fondamentales de l’expérience humaine. Ces notions forment les "portes" d’entrée et de sortie de la vie, se tissant ensemble dans une tension contradictoire. Mon intention n’est donc pas d’explorer une connaissance figée, mais l’incertitude elle-même, en répondant à l’écoulement du temps à travers la matérialité et le sujet de mes œuvres.

La répétition constitue aussi un axe essentiel dans mon expression. Marqué·e par mon passage dans un atelier de gravure, ce motif est inscrit dans la structure même de ma pratique. La gravure est un processus de répétition, d’impression, d’effacement progressif : elle porte en elle les traces du temps. Un geste répété, encore et encore. Cette récurrence dans mon travail ressemble à une étoile morte : sa lumière continue de traverser l’espace-temps jusqu’à nos yeux, alors que sa substance matérielle s’est déjà évanouie. J’essaie de recréer cette dissonance temporelle dans mes œuvres – elles sont à la fois présentes et déjà disparues.

Créer, c’est à la fois construire lentement et déconstruire lentement. J’y vois une analogie avec la rupture de symétrie dans l’univers, où toute structure commence à se désintégrer dès qu’elle se forme. Lorsque je marche sans but dans la rue, j’observe les passants, les nuages flottants, mon pouls discret. Et je me demande : si tout ce que je vois compose la réalité, mais que cette réalité ne prend forme qu’une fois observée, alors qu’advient-il du monde en notre absence ? Lorsque la mémoire s’efface, les choses qui ont été vécues ont-elles réellement "eu lieu" ?

Parfois, la création me semble être une forme de suicide lent, un prélèvement incessant sur soi-même, un état de repli progressif. À l’image du processus de la mort. Pourquoi venons-nous au monde ? Si la mort est la fin ultime, alors l’existence est-elle une illusion ? Si la mort n’est que néant, pourquoi la douleur de vivre est-elle si réelle ? Comme l’horizon des événements d’un trou noir, la mort est une limite infranchissable : nous ne pouvons en percevoir que des traces, sans jamais la comprendre. Nous la craignons, et pourtant nous vivons en direction de la mort (Heidegger). C’est cette ressemblance entre la création et la disparition qui rend le processus de naissance d’une œuvre difficilement joyeux pour moi. Il s’agit plutôt d’une plongée dans l’inconnu, d’un arrachement au réel, d’une confrontation avec l’inquiétant. Parfois, je fuis, mais inévitablement, je retourne à mon atelier. Dans cette errance, je me tiens au bord du gouffre, face à mon existence, acceptant une vérité dérangeante : nous n’entrons jamais directement en contact avec la réalité.

Ainsi, pour moi, l’art n’est pas une simple expression, mais une épreuve à supporter. En accord avec la pensée nomade de Deleuze, mes œuvres ne cherchent pas à formuler des conclusions, mais à créer un espace de réflexion fluide, où le spectateur peut prendre conscience du paradoxe de son propre état.

Notre existence est un paradoxe en soi : nous portons en nous des souvenirs et des expériences intransmissibles, une vie fragile, et une curiosité pour ce qui nous dépasse. Dans cet univers, nous sommes minuscules, éphémères, hors d’atteinte de la vérité. Mais grâce à l’art, nous pouvons observer "l’envers du cœur", sonder l’inconscient, et nous approcher de ces mystères inaccessibles. C’est pourquoi penser devient notre manière d’observer le réel, et vivre, une révolte contre le néant.

Même si nous ne pouvons toucher l’univers dans son ensemble, nous pouvons en ressentir l’absence.

Et c’est dans cette absence que mes œuvres prennent place, dans l’interstice entre "ce qui est" et "ce qui fut", dans l’incertitude de l’existence et de la distance, sur la face cachée du monde, à la recherche d’un passage.

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我相信,宇宙中的一切都是相互关联的。

每个电子,都因为另一个电子的存在而被证明。我们存在是宇宙织构中的某种震颤。

而我,始终被那些遥远、庞大、无法触及的事物所吸引。生命,死亡,存在,不可见之物,这些超出人类经验的一切,就像“超物质”,与黑洞、核辐射和世界的终结一起,没有形状且没有边界地持续存在着。我们为何存在又注定消失?在时间之流中,我们如何观测世界?现实又如何坍塌?以人类的一生,如何丈量宇宙的尺度?如何感受存在与消逝之间的距离?这些超物质们是柏拉图的“洞穴隐喻”中真实的太阳,洞穴中的我们似乎注定无法得到问题的回答。

对于形而上的探寻可以溯源到我的青春期之前。父母在我童年中时有时无的或缺,让我得到了一种抽离于家庭与环境的思考方式。在孤独的青春期,大量独处的时间给了我与东西方哲学与宗教深入接触的机会。我该如何存在,这个问题广泛地存在于我的阅读经验之中,也频繁出现在我的心中,叨扰不停。从柏拉图到后现代,从基督教到道德经,这一切构筑着我的理论世界,这个过程中,我追随着形而上的慰藉,精神分析一点点挖掘出我向内追问的通路,宇宙学,生物学和量子力学的知识丰富了我创作理念的血肉。但同时,过早过深地探索精神世界,往往使得现实与虚无的界限变得模糊,当我回过神来。世界已经离我远去。这种孤独感是不伦不类的,你在人群中行走,却有一种所有人都移动着,只有自己还在原地旋转的错觉,当别人都在前进的时候我在旁边打滚,这大概是我的错。于是,这种怅然若失的迷惑也成为我作品中难以割舍的部分。

通过创作,我的作品在现实与非现实的裂缝中展开,承载着对人类身份的质疑。这些作品不“再现”世界,因为对我而言世界被不确定性包裹着——现实不是固定的存在,而是一种坍塌中的现象,难以重构,而我也正为这种不确定性而着迷。

我试图探索物质如何承载不确定性,织物、纤维、泥土、棉絮、纸张——它们有温润的触感,是一种结合时间性和生命力的材料,可以被针织、被缝纫,可以被侵蚀、被塑造和改变。我在它们的脆弱中发觉到非常女性的质感。我在作品中经常谈论“母亲、爱、子宫、死亡、恐惧”等,这些意象是人类生存最根本的体验,它们构成了生命的“入口”与“出口”,交织在一起,成为一个矛盾体。因此,我想在作品中探讨的并不是确定性的知识,而是不确定性本身,通过材料与主题的呼应,以它们的质感去回应时间的流动。

此外,在我的作品中,重复性也是一种重要的表达路径。受到此前在美院版画系的实践的影响,“重复”在我的创作根基中早已存在——版画是不断拓印、复刻、消磨的过程,它本身就是时间的痕迹。某种重复性的手势,一次次回返。创作过程中存在的这种重复性,如同一颗死去的恒星,它的光仍然穿越时间抵达我们的眼睛,但其物质性已然成为幽灵。我试图在作品中创造出这种时间的错位——它在场,也已然消逝。

创作的过程像一种缓慢的构建,也是缓慢的消解。我经常将其类比于宇宙的对称性破缺,某种规则在形成的瞬间便开始衰变。有时在路上漫无目的地行走时,我会注意到来往的人群,飘渺的云朵,我隐秘的脉搏;我会想到,如果我眼前所见的一切就是现实的构成,而现实却是一种被观测后才坍塌出的形态,那么,我在作品中追问,当我们不在场时,世界是否仍然存在?当记忆被遗忘,曾经发生过的事物是否仍然“发生”?

有时,我觉得创作是一种慢性自杀,是对自己的一昧索取,是一种持续向内坍缩的状态。这一如死亡的进程。我们为何来到这个世界?如果死亡是终点,那么生命的意义是否只是一种幻觉?如果死亡是虚无的,为什么生存的痛苦又如此真实?正如黑洞的事件视界,死亡就是我们无法穿越的极限,我们只能在边界之外探测它的痕迹,而无法真正理解它。我们畏惧死亡,却又向死而生(海德格尔),因为创作与死亡的这种共性,使得一件作品的诞生过程对我来说难以是愉悦的。它更像是一种不断深入未知的恐惧、剥离现实的过程,让自己接触那些令人不安的事物。我有时逃避它,却又难以
抗拒地在工作台前坐下。我带着迷茫探索,站在深渊边缘,不得不直视自己的存在,不得不接受难以承认的真实:我们无法直接接触现实。

因此对我而言艺术创作的目的不是表达,而是承受。与德勒兹的“游牧思维”相契合,我的作品不关于给出结论,而是试图创造一个不断流动的思考场域,让观者意识到自身所处的悖论状态。

我们的存在本身就是巨大矛盾的集合体,带着无法继承的记忆和经验以及脆弱的生命,承载着对超越我们理解的事物的好奇。在这个宇宙里,我们渺小、短暂、无法触及真相。但通过艺术和创作,我们得以观测“心的背面”,一窥潜意识的深渊,逼近这些无法理解的事物。正因此,我们的思考,成为我们观测真实世界的方法,活着成为了一种反抗虚无的方式。

即使我们无法与世界的整体直接接触,但我们能感受到它的缺席。

我的作品于是便在这缺席之中展开,在“是”与“曾经是”之间的缝隙间,在存在与距离的不确定中,在世界的背面,寻找通道。




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